Retour aux Sources.

Erode, si on la considérait dans sa totalité, avait une position géographique très appréciable. Bordée d'un côté par la mer, reliant la ville aux commerces maritimes, ouverte sur des routes vers l'intérieur du pays, et entourée d'une forêt qu'on pouvait aisément qualifier de luxuriante.
Une forêt dense, sombre, dans laquelle on trouvait facilement les plantes dont on avait besoin, qu'elles soient rares ou pas. Une variété d'arbres assez importante. Des arbres pour la plupart centenaires ou plus encore. Et du gibier à n'en plus vouloir.
Le seul réel problème restait que les Autre aimaient "chasser" ici, les habitants d'en Haut aussi aimait ça...
Pas que la chasse soit un réel problème en soit, quand on chassait un gibier genre, sanglier, cerf, daim, etc... Quand ça commençait à être des chasses à l'homme ça devenait gênant...surtout pour l'homme en question.

Mais bon, les Autres et les habitants chassant ici sortaient très très rarement la nuit. C'est pour cela qu'Airin se baladait dans cette forêt une fois la nuit totalemnt tombée.
L'hiver aidant, la nouvelle lune aussi, il faisait encore plus sombre qu'à l'acoutumé.
C'était parfait, relaxant.
Les nouvelles neiges tombées dans la journée offraient un tapis argenté à qui voulait bien le regarder, à qui voulait bien y faire attention.
Un décor echanteur, s'il en est un, s'étalait aux yeux de la Cétra.
Cette forêt semblait briller du peu de lumière qui lui parvenait, cette lumière se reflétant sur les cristaux de neige à terre et partout où elle avait pu tomber.
Cependant, bien que la vue fut assez agréable, ce n'était pas la raison de sa venue, en tout cas pas la raison première.

Non, la raison première était que, les débuts d'Erode s'étaient effectués ici. Il y a tellement longtemps que la Nature avait depuis bien repris ses droits sur les faibles constuctions d'alors.
Comme derniers résidus on aurait put voir des bouts de murs effondrés recouverts de lierres, des chemins subsistants, mémoire des routes, quelques fois empruntés par les chasseurs et les, rares, aventuriers osant arriver jusqu'ici.
Cependant ce n'était ni pour le chalenge que représentait une excursion aussi loin, ni pour la nostalgie d'une ville qu'elle n'avait connu qu'en souvenir qu'elle était ici.
La naissance d'Erode signifiait, entre autres choses, la naissance des Cetra. Ainsi que leur première demeure.

Demeure immuable, bien qu'en décomposition avancée...
L'édification d'Erode remontait au temps de l'hérésie pour pratique de la magie. Autant dire qu'ils n'étaient pas vu comme des protecteurs, ou des gardiens d'Erode mais bien plus comme des attaquants hérétiques habités par des forces maléfiques et, forcément, malveillantes et destructrices.
Continuant sur sa lancée, les pas de la Cétra la menèrent bientôt loin des restes de la première ébauche d'Erode.
Un endroit qui avait souvent été incendié, "purifié", béni, sujet à de nombreuses attaques et qui pourtant avait tenu et restait encore à peu près debout.
Et ce sûrement uniquement grâce aux diverses barrières qui l'entouraient.
Barrières naturelles, magiques, élémentaires et autres.
Les barrières naturelles étaient aisément franchies: des murs de verdure en bataille, un ruisselet qui avait dut être bien plus important si l'on jugeait des creusements qui s'étendaient autour.
Les barrières élémentaires s'étaient simlement évanouies dans la nature revenant à leur point de départ.
Ne restaient plus que les protections magiques qui perduraient depuis l'âge de la construction du lieu.
Celles là étaient encore fortes et ancrées dans la réalité et dans le temps.
Cependant, l'habitude et sa condition permetaient à Airin de les effacer assez rapidement...tout étant relatif.

Arrivée aux abords de ce lieu elle s'assis sur un tronc d'arbre qui était tombé là.
Assise en tailleur, les poignets possés sur les genoux, paumes tournées vers le ciel nocturne, le dos droit, les yeux fermés elle désactivait une à une toutes les défences de la demeure.
Révélant peu à peu un cercle de terre stérile, brûlée, inculte. Excentrée, une maison, ou en tout cas une ruine désormais. Tout ce qui avait été bois avait disparu, rongé par le temps, les intempéries et les incendies répétés.
Seules demeuraient les pierres délimitant une petite maison, les restes d'un enclos et d'un potager.
Plus loins, en dehors du cercle et proche cependant, un petite chapelle. Elle, n'avat connu aucun avatar dût aux erodiens supersticieux, elle avait d'ailleurs été constuite ici a ces même érodens pour "conjurer le mauvais sort que ces immondices avaient pu ammener avec eux des abysses infernaux".
Quelles conneries.

Mais elle n'était, de loins, pas ici pour s'énerver contre les méfaits de la religion.
Non elle était ici pour s'éloigner d'Erode, et s'approcher de ce qu'elle était. Et par là même de ce qu'elle devait faire.
Elle servait Erode, et Erode prenait sa source dans cette forêt, ses premiers ordres avaient étés adressés ici même.
Ecceptées les barrières de deffence il n'y avait aucune sorte de source magique ici, rien qui puisse intéresser quiconque. C'est pour cela que les Autres ne venaient jamais ici, cela n'avait aucun intéret pour eux.
Mais pour elle si. C'était la source de ce qu'elle était et de ce qu'elle devait faire, ce qu'elle devait accomplir... pour Erode.
C'est ici qu'elle avait juré, promis d'être à Erode jusqu'à sa fin ici qu'étaient enterrés les Premiers, ici que ses souvenirs étaient les plus fort, ici qu'elle se sentait vivre au moins un peu. Puisqu'elle ne vivait que pour Erode...c'était logique.

Ca faisait tellement longtemps qu'elle n'était pas venue ici...Et pourtant rien n'avait changé.
Tout était resté immuablement comme la dernière fois.
Ce n'est qu'après avoir constaté ça qu'elle se leva, souplement, comme pour ne pas déranger le silence qui la suivait depuis qu'elle avait quitté la suffocante Erode.
Elle avança, presque prudement, vers la bâtisse en ruine. De l'intérieur on pouvait voir les délimitations des pièces, de l'étage et l'acces à la cave. C'était mort, froid, vide. Et par le fait, calme, reposant, éternel sûrement.
Cette maison elle la connaissait par coeur, comme si elle y avait un jour habité, ce qui étai absurde.
Cependant, et malgré l'absurdité flagrante de la situation, elle "recréa" le domaine comme à l'époque.

L'espace d'un instant elle revit toutes les boiseries, les tapis, les tantures, les tissus, le feu crépitant doucement.
L'extérieur aussi avait subit le changement, ce n'était plus la terre stérile qui s'étendait en cercle mais une terre fleurie, vive.
L'enclos avait retrouvé ses bêtes, le potagers ses fruits et légumes.
Comme avant.
Seule manquait la présence des Premiers, les seuls êtres qui ne pouraient jamais être rendus à cette terre.
C'était fatiguant de stabiliser cette image de vie et pourtant elle s'y accrochait sachant qu'elle ne pourrait rester ici que cette nuit.
Pourquoi s'accrocher à cette image? Simplement parcequ'elle représentait, pour Airin, les derniers vestiges de vie erodienne.
Bien sûr la ville regorgeait de grouilleaux à tout vas, bien sûr la ville était bien plus vivante que ce lieu, pourtant, ici, seule régissait la volonté d'Erode. La volonté pure, nul besoin d'un serviteur pour agir à sa place, elle le faisait très bien seule.
Ca n'avait rien à voir avec ce qui se passait quelques centaines de mètres plus loins, c'était Erode là bas aussi, sans aucun doute possible.
Et bien que ce soit la même entité qui régissait le tout, le fossé de différence était bien là, béant.

Elle ressortit tranquilement de la maison, aucune arme sur elle, elle avait délaissé sa veste, celle qu'elle portait tout le temps dissimlant ses dagues.
Ses cheveux étaient épars, lachés, fottants sur ses épaules au grés des mouvements qu'elle faisait et du vent glacial qui se levait.
Elle était vêtue simplement. Un débardeur et un pantalon, noirs. Pas de cuir, autre chose, plus léger.
La seule pièce de vêtemnt qui sortait de la sobriété du reste de sa tenue était un gant qui remontait jusqu'au milieu du biseps gauche, noir lui aussi, retenu par une lanière blanche.
Ses yeux avait pris une lueure étrange de paix qu'elle n'arborerait jamais dans la ville.
Là, en paix, calme, respirant la sérénité, elle avait perdu toute humanité.
Si à Erode même elle ressembait à n'mporte quelle jeune fille, ici, dans ces conditions elle perdait cela. Pourtant physiquement elle n'avait pas changé fondementalement.
L'atmospère faisant elle ne ressemblait à plus rien d'humain.

Et dans cette harmonie, une présence vint briser le cours de choses.
Une présence impreignée de l'odeur d'Erode. Qui que ce soit il n'avait rien à faire là.
Cependant elle ne bougea pas, retant à quelques pas de la maison.
Il ou elle avait désormais le choix, partir sans suite à sa venue.
Ou rester, sans engager sa vie mais quand il reparirait ce serait, peut être, avec quelques souvenirs en moins, peut être avec moins de raison.

Si silencieuse, il en avait presque envie de dire chapeau. Cette nana là était aussi bruyante que le blond barbie.
Frustrant, pourquoi prenait-elle une pause là tout de suite?
C'était pas drôle, vraiment pas!
En plus il avait une petite nouvelle à lui raconter, ça elle devait pas le savoir vu que ça venait tout juste de se produire!
Ah qu'il y avait du bon à bosser chez les fouteurs de merde légaux, on était payé à ça, qu'à ça et on était même hué par la peuple, ça c'était grandiose!

Peut-être aussi qu'il en avait marre de les entendre gueuler à torts et à travers que jamais ils n'arriveraient à tuer les deux Leaders, c'était vrai en même temps, jamais Jack ne serait capable d'achever son sex-toy, capable de le rendre paraplégique, de l'étouffer, de tout et n'importe quoi sauf le tuer!

Enervant, alors il ne trouvait rien de mieux que de la suivre elle, pour lui dire qu'il était entre 4 murs, les larmes aux yeux et la peur au ventre et surtout qu'il allait en crever.
Ca c'était LA nouvelle du moment qui n'avait pas commencé à circuler dans Erode.
Il était temps pour lui de trouver un moment de libre dans son emploi du temps pour informer la fan number one du décoloré!

Entrant sans hésitations dans les fourrés, calme il avait les mains dans les poches, ses yeux qui jaugeait l'endroit et paisiblement il riait en la sachant sur ses gardes, Kurohime n'était pas là, à l'entrée de la forêt entrain de jouer avec les oiseaux qu'elle finirait par vouloir bouffer... Pauvre pantin.
Quelques branches craquaient sous ses pas et le voilà face à elle, cette jeune Cétra la dernière de sa race et lui, le premier né de cette oeuvre monumentale, les Autres.

On est un peu complémentaire nan?...

Il cherchait ouvertement la bagarre, qui voulait se faire assimiler aux Autres?
Déjà pour le blond c'était niet, dès qu'il en voyait un il se devait de le décapiter, de le réduire en charpie, de le broyer et même...
Enfin bref simple de comprendre qu'il ne les encadrait même pas en peinture!
Alors elle, pas besoin de chercher elle était pareil, quiconque se trouvait en Bas, savait se défendre, detestait forcement les Autres et ce qui s'y rattachait...
Dommage enfin bon il ne voulait pas se la faire au coin d'un arbre non plus.
Sourire dément et il approchait encore avant de briser une nouvelle fois le silence d'une voix narquoise et naïve:

-Tu sais que ton cher ami, l'invulnérable Désosseur est entrain de pourrir en zonzon? Depuis notre dernière rencontre il est-là bas entrain de chialer comme une madeleine...

Elle l’avait de visu. Lui… Plus Erodien que ça…ça existait partout. Lui, un Autre, un être qu’elle n’avait, et ne pourrait, jamais supporter ne serait-ce qu’en pensée…
Il était tout ce qu’elle reniait depuis son enfance, et depuis des générations. Le Premier Autre.
Décontracté, sans maintient particulier excepté le sien, les mains dans les poches, nonchalant et parlant avec ça.
A-t-on jamais vu un jouet destiné à être cassé parler ?
A-t-on jamais entendu une bravade de la part d’une bête à l’abattoir ?
Complémentaires ? Peut être après tout, lui destiné à mourir dans les plus brefs délais, elle forcée de survivre encore quelques années.

Pourquoi pas… Les complémentaire sont souvent opposés…

Sa voix était étrange, millénaire et sans âge. Aigue et grave. Légère et pesante. Humaine et Immortelle. Changeante et immuable.
Tout un panel d’oppositions passait dans cette voix pourtant douce.

Il s’était avancé. Il la répugnait. Hybride, créé, inhumain, synthétique, et il avait le pouvoir en plus de cela.
Toute sa nature de Cetra lui criait de l’achever de suite, de réduire à néant cette flamme qui animait la machine Autre…
Pourtant elle s’y refusait, pas ici, pas à l’épicentre… Elle n’en avait ni le droit ni l’envie…d’un côté en tout cas.
Alors elle se contenta de répondre à sa nouvelle bravade.

Il ne m’est pas cher, il est cher à Erode. Il n’est pas un ami je veux le tuer. Il n’est pas invulnérable puisqu’il saigne, si il peut saigner on peut le tuer. Qu’il reste pourrir là où il est, il l’a cherché depuis bien longtemps, il connaissait les enjeux. Finalement, je ne suis pas là pour lui porter d’aide, de quelques sortes qu’elle soit. Cependant, une grille ne fait pas une prison et une porte ne ferme pas une maison souvient en. Et…qu’il pleur c’est humain, qu’il garde au moins ce privilège.

Son discours était presque à l’opposé de ce qu’elle pensait. S’il était cher à Erode il lui était cher de la même façon.
S’il lui était cher il était presque normal qu’elle ne veuille pas le tuer… La Cetra qu’elle était ne voulait pas le tuer, la jeune fille qu’elle était en revanche le désirait ardemment.
Dans un sens c’était vrai qu’il n’était pas invulnérable, cependant elle se devait de le garder en vie…parce qu’il était cher à Erode… et donc à elle.
Quant à ses larmes, si tant est qu’elles soient réelles et non pas une invention de cet Autre, elles étaient une preuve de la faillibilité du blond, ce qu’elle ne pouvait accepter. Si c’était le cas Erode se serait trompée, si Erode se trompait c’est qu’elle était entrain de mourir. Ca la Cetra qu’elle était ne pouvait l’accepter en aucune façon.
Elle ne verrait pas la mort d’Erode, ça lui était impossible à imaginer. Elle se refusait à voir la décadence finale d’Erode.

La seule vérité résidait dans le fait qu’il ait mérité, dans un sens, son sort. Depuis toujours il s’était employé à braver tout et tout le monde. De son père à Erode en passant par toutes les lois possibles.
Cependant ça posait un problème à la Cetra. Elle verrait ce qu’elle ferait plus tard.

De plus, qui m’assure que ce que tu avances est réel ?

Elle était méfiante, on le serait à moins non ? De plus en parlant d’Hypnovell… pas du premier couillon venu.
Et surtout un Autre qui parle… Chose hautement déconcertante, et surtout peu fiable. Du moins pour Airin.

Elle n’avait pas bougé depuis qu’il était arrivé mais on pouvait sentir l’air se troubler de magie légèrement.
Pas de haine, d’animosité particulièrement exprimée. Rien de bien hostile, si ce n’était cette magie.
Lourde pour qui n’était pas Airin, pesante.
Son regard était ancré dans celui de son vis-à-vis. Pas de bravade cependant.
Pour preuve, pas d’arme, pas de position de combat particulière. Juste droite, fière, force régnante à l’endroit où elle se tenait. Devant la maison qui avait abrité les siens depuis toujours.