Une journée normale

Une journée banale à Erode… Pourrie à souhait.
Un ciel orageux, gris presque noir, menaçant. Une chaleur étouffante malgré la saison, l’hiver. Une saison normalement froide et pourtant lourde à ce moment.
Et malgré tout c’était un temps qu’affectionnait particulièrement la Cetra.
Dans l’instant elle marchait tranquillement le long des rues où quelques (comprenez beaucoup) badauds faisait leurs emplettes. C’était amusant à voir à travers ses yeux. Tellement de vies fragiles, légères, si faciles à enlever…
Et tellement de vies… inutiles. Ils ne faisaient rien d’utile dans le fond, juste ils vivaient, c’était peut-être trop des fois.
Et pourtant, paradoxalement, c’était ce genre d’ambiance quelle aimait.
Tendue autour d’elle, lourde, électrique, merci à l’orage en devenir.
Elle avait les yeux dans le vague, un sourire flottant sur ses lèvres, la démarche légère, assurée et pourtant elle n’avait (presque) pas d’armes sur elle.
C’était étrange de voir la ville de jour. Tout était différent… Bien qu’elle ai vécu ici grosso modo toute sa vie elle ne l’avait vu que de nuit, ou presque.
Et, bien que ce soir le crépuscule, ou un état approchant, la luminosité était telle que tous les repères de la Cetra étaient brouillés.

Mais tout était pour le mieux. Tout allait parfaitement bien.
Il n’y avait là que les braves gens d’Erode. Pas de taré dégénéré, et encore moi de gamine chieuse!
Le pied total. Le calme absolu. Quelque chose de bien
C’était génial, pour un peu elle se sentirait presque joyeuse… Presque…
Tout bonheur prenait forcément fin un moment où un autre c’était obligé.
C’est à cause de cette idée que sa foutue journée ne pouvait pas être parfaite.
Un moment où un autre, avec la poisse qu’elle se traînait, elle allait tomber sur un os. Un truc gros comme une maison, LE truc impossible à éviter.
Mais dans un sens ça allait peut-être pouvoir être sympa nan ?
Les balades au clair e soleil ça va trente secondes, mais au bout d’un moment ça tape sur le système. L’énervement allant il faut évacuer un moment. Et quoi de mieux qu’une toute petite, ridicule, minuscule, mise à mort n’importe où dans une pauvre ruelle. Une mise à mort dont le condamné serait un pauvre jeune homme sans défense qui n’a rien demandé à personne qui sort juste un peu avant la nuit.

La proie était repérée. Un garçon de son âge à peu près, 18 ans au maximum. Tout à fait banal. Cheveux clairs, yeux foncés, bien fait au demeurant.
La traque commençait donc. Ca n’allait pas être bien difficile. Le suivre. Intimer à son esprit, sans qu’il sache vraiment pourquoi, la destination qui serait son tombeau.
Ainsi, quelque part au milieu de la foule, un jeune homme détournait ses pas vers une ruelle tout à fait normale dans ces quartiers.
Une jeune fille qui le suit, une reflet argenté, du sang frai qui coule chaudement, un corps frémissant qui s’affaisse dans les bras de la Cetra qui le suit jusqu’à terre.
Elle s’assoit, sentant l’odeur acre du sang jeune et pur, qui sait, de sa nouvelle victime.
Cette odeur l’enivre doucement, sa langue passe doucement sur le sang frai souillant la lame.
Le corps se refroidit dans ses bras.
Pourtant quelque chose ne va pas dans l’air. C’est comme un trouble agitant l’air doucement… et pourtant foutrement désagréable !

Le temps était si long, ce n'était presque pas la peine de lever les yeux au ciel pour savoir que la pluie n'était pas présente, ne le serait pas avant une autre pluie, pour écarlate et décorative... C'était physiologique et viscérale, impossible de ne pas vivre sans pour lui, presque suicidaire en y repensant, celà pouvait-être son sang ou celui d'autres, ça lui restait égal, à partir du moment où il avait son quotat.
Moment légitime de libertée, il n'avait pas ou plus son boulet avec lui, la gamine dormait loin de lui, de ses aspirations plus amoral qu'imoral, un jeu en soi, et avec elle, cette minode, le jeu ne tournait pas à la boucherie comme le souhaitait son créateur.Pour une fois aussi, depuis peu fallait-il penser, il s'était permis une sorte de fantaisie devenant méconnaissable au milieu des troupeaux humains, immonde et diformes, ils engloutissaient le physique anorexique de ce blond cendré, un visage caché sous une lourde écharpe et rien d'autre ne cachait ses yeux d'un blanc parfait sur un oeil, d'un noir bleuté, trop profond pour ne pas donner de vertiges, pour son autre oeil.
Ainsi, vêtu comme il l'était on savait qu'il avait tout avec lui sauf son Hallebarde et encore elle n'était pas loin, dans un étui gardé par ses mains blessées et encore couvertes de sang. Dans la cohue ce détail passait innaperçu, par contre un autre détail ne faisait pas autant de transparence aux yeux du trentenaire.
Il avait vu un gamin sortir du rang pour s'imiscer dans un recoin sombre de la ville, ce fait n'était pas étrange mais l'état mentale du blond lui permettait aussi de savoir que la personne qui le suivait n'était pas un ange et encore moins une âme charitable prête à aider son prochain.
Il n'était pas dûpe et trop rancunier il ne vouait pas laiser cette gârce d'Airin se faire la malle sans lui avoir rendu ses plus brefs hommages, le blond était au meilleur, pour ne pas dire au paroxysme, de sa forme et il était décidé à enterrer un des leaders de la ville pour s'installer avec force et détermination sur cette ville, quitte à la ruiner une fois son despote accompli.

Tout comme les deux téméraires, le blond quittait les flots humains pour se noyer dans l'obscuritée d'une ruelle morte et âcre, sentant la pisse, les vomissures et le sang frais. C'était étonnant qu'elle fasse ça à la vue de tous, non pas de tous, d'un des piliers de la ville.
Il n'était pas franc, caché dans les coins de pénombre il n'était visible que si on le cherchait, son aura était assez inquiètante et lourdre pour qu'on le devine ici mais il finissait par sortir le packetage de son papier cadeau. Son helldelance ramenait toute la lumière possible quand il la sortit en silence, un éclat rapide et aveuglant qui semblait apporter l'idée du ciel, un éclair scélérat.
Aussi, il abandonnat le reste passant au dessus des toits, agile comme un chat il avait été silencieux et il avait laissé son "bagage" vide au sol, le temps que la lumière ne se reflète et le temps qu'il ne bouge, ces temps étaient si proche qu'il était difficile de dire qu'il était visible, peut-être tangible mais pas observable de façon totale...
Un félin qui se profilait sur les toits, juste au dessus d'elle, de ce gamin et... Insidueusement elle était sous le poids d'une justice personelle qui allait s'abattre rapidement mais pas sans cette habitude...
Qu'il oublia rapidement...

Un pas en avant et il était à découvert, largement éclairé et il se laissait fondre sur elle, son hell pointé au sol et un large sourire en croissant de lune venait découper l'ombre qui le couvrait quand il était à nouveau dans l'obscuritée des bâtiments, à quelques mètres au dessus d'elle, peut-être 2 ou 3 mètres au plus.

Putain d’intuition de merde ! Pourquoi il fallait qu’elle ai juste à chaque fois !
Levant brièvement les yeux au dessus d’elle Airin vit, premièrement la hallebarde et en extension Hypnovell…
Délaissant le mourant elle alla se coller contre le mur de la ruelle, le temps que l’autre taré finisse sa descente avec pertes et fracas sur le pauvre gosse… qui du coup n’était plus tout à fait en un seul morceau.

- Tu veux vraiment venir me faire chier aujourd’hui ? Pour une fois, seulement une, dans ta putain de vie merdique, tu peux pas me laisser tranquille ? Faut vraiment que tu ramènes ta merde la nuit pas encore tombée.
Mais au moins l’autre chieuse est pas là, ça m’en fait qu’un sur le dos.

Elle avait parlé avec tout le fiel qu’elle retenait jusque là.
Encore elle avait été rassérénée à la vue et l’odeur du sang du jeunot, mais la présence d’Hypnovell lui pompait royalement l’air.
Elle tombait d’un excès dans l’autre. Calme, presque douce le moment d’avant, elle n’aspirait plus qu’à le tuer dans la seconde.
Une épaisse fumée noire enveloppa les avants bras de la Cetra dissimulant aussi la dague, qui, dès que la fumée eu disparu, laissa place aux deux bâtardes fétiches d’Airin.

- Tu veux me faire chier de bonne heure ? Hé bin vient.

Ses yeux s’étaient assombris d’un coup. Habituellement vairons, on ne distinguait plus que du noir désormais.
Un sourire vint fendre son visage. Un sourire cruel au possible.
Toujours ses armes au clair, ne quittant pas son adversaire de vie des yeux, elle recula jusqu’à sortir de la ruelle, à découvert.
Engendrant quelques cris de peur et d’étonnement parmi la foule des passants.
Sans crier gare son bras droit se tendit vers une femme assez proche. Un bruit de chaînes plus loin, on vit une de ses épées traversant la pauvresse de part en part. Un chaîne était reliée à la garde de la bâtarde qui permit à la jeune fille e la faire revenir lestement.
Une fois de plus elle se prit à lécher le sang maculant la lame tout en regardant Hypnovell dans les yeux cette fois.
C’était une simple invitation. Un combat comme il en eut tant d’autres, mais cette fois si avec public.
Elle était décidée à faire en sorte que cette rue garde l’odeur du sang pendant quelques jours encore.

L'impacte, ce moment il avait de quoi s'en souvenir... Il avait à peine touché le sol de son hell que le corps du gamin se retrouvait scindé en deux parties trop bien distincte, une partie qui était éviscerée par l'Hell et de l'autre côté se dandinait fièrement le tronc et la tête tenue par le bout de la Lance. Il avait du sang, tellement, c'était si abondant qu'il en retenait un rire presque sourd et hystérique, il n'aimait pas être couvert de ce liquide poisseux et là il avait la chance d'en être recouvert de la tête aux pieds sans oublier les bouts de viscères que l'arme n'avait pas acceptée, le coeur et les intestins aussi. Pour le coeur c'était un peu étrange, retenu au dessus du sol par les artères qui se vidaient proprement devant le blond devenu roux, ses intestins, eux, se retrouvaient à décorer les murs de la ruelle laissant l'interieur se répandre comme neige fond au soleil.
Jolie vue en soi, le trentenaire relevait son visage, tenant d'une main son arme souillée et de l'autre il réajusait son écharpe couverte de tâches d'hémoglobine éparse sur le tissus. Ses yeux étaient terrifiant, pire peut-être, un regard froid quand il se redressait pour reprendre correctement son âme d'acier, d'ailleurs quand il la rapprochait de lui un long et écoeurant bruit de déchirement humain se faisait entendre, éparpillant d'avantage les morceaux du jeune homme. Il n'avait pas vu Airin qui s'était déplaçée, sentie tout au plus, elle et sa magie c'était tout un monde il n'était pas receptif à ça mais rapidement dégoûté par ce que ce gerne d'aura traînait.
Son regard tombait dans la rue, elle avait été si rapide qu'il avait à peine eût le temps de "nettoyer" son arme en la secouant ôtant tout les bouts de chaire restés, un son singulier se faisait apprecier, entre le ciel qui grondait enfin et les pas régulier du blond. Une mélodie anarchique, il fermait un instant sa vie aux gens alentour entendant des chaînes se claquer assez discrètement au sol. Du grand art dans ces coins-ci, qui avait donc l'habitude d'avoir ce genre de choses sur lui? Un nouvel arrivant? Un téméraire...?
Jaugeant l'exterieur de la ruelle avec un air imperturbable, un air ensuite déçu quand il voyait qu'il ne s'agissait que de la Cétra qui faisait mumuse avec ses sorts de pacotille, remarque pour une fois ça avait le don d'être drôle, un bain de foule pour s'amuser un peu et pas de limites imposées par l'autoritée.
A peine avait-elle extrait son épée assez conséquente du corps d'une passante, à peine avait-elle son arme entre les mains le blond n'était plus dans la ruelle... Juste le cadavre plus que décharné coincé entre deux cartons. Pauvre homme il n'avait pas eût une excellente vie, et une mort encore moins glorieuse.
Rapide, félin et assassin, elle avait parlé par deux fois et lui avait occulté, c'était souvent douloureux les discutions et il changeait préférant enfin tuer en silence et avec minutie. Sur le toit le plus haut il surplombait les ruelles qui laissaient échapper de faible cris de peur et d'angoisse, ce genre de hurlements provoquaient une sorte de flegme physique chez lui, il devenait plus libre et surtout plus conscient de ses gestes, une sorte de rappel à l'ordre très utile. Le soleil étant voilé, la pluie ne tombant pas encore... Lui sur son toit à l'abri, du moins pensait-il l'être, il regardait la jeune Airin, un moment d'innatention de sa part peut-être, quoique c'était assez inenvisagable avec elle et surtout en étant son adversaire.
Il lui était donc inutile de jauger la zone plus longtemps, l'hallebarde en main il la bascula en avant, l'Hell la 1ere, un plongeon suicidaire vu la distance trop court...
Le poids de l'arme l'entraînait très voire trop vite vers sa cible, autant qu'il le pouvait il fît basculer l'arme rapidement, la Lance passant en avant et l'Hell décrivait un arc de cercle assez tranchant pour laisser de grosses balafres sur le mur derrière lui. Il arrivait et les réjouïssances commençaient à peine, il ne cherchait pas Airin mais la foule, voulant s'en servir pour se dissimuler...
L'arme était ancrée au sol mais personne à coté... Quelques morts, quelques blessés mais pas la trace du proprio de l'arme... Silencieux et fourbe il n'y avait qu'un seul bruit, des sifflements répétitifs et inquiètant en la présence du Desosseur...

Tant de mouvement pour si peu... Affligeant.
La foule commençait clairement à paniquer. Ce serait bête de laisser s’éloigner un si joli troupeau de personnes innocentes…
Une aura verte émeraude enveloppa doucement la Cetra avant de s’élargir brusquement formant une sorte de dôme délimitant une zone qui aurait pu paraître tout à fait banale. Cependant plus les gens essayaient de s’éloigner, moins ils arrivaient à passer outre cette barrière.
Ceci étant fait il ne restait plus qu’à s’amuser.
Premièrement retrouver le trouble fête. Et quoi de mieux pour ça que de… menacer (?) un de ses biens le plus précieux ?
D’une démarche souple elle s’approcha de l’hallebarde restée ancrée au sol. Tous les badauds qui passaient malencontreusement devant elle perdaient quelque chose…
C’était tellement plaisant, l’odeur du sang et de la peur. Grisant pour un peu…

Fendant la foule elle s’approcha de l’arme « abandonnée » d’Hypnovell.
Laissant pendre l’épée qu’elle tenait à la main gauche au bout de sa chaîne, elle laissa courir ses doigts aériens tout le long de l’hallebarde.
Cette dernière sembla réagir, un frémissement l’agita, à peine une seconde. Le métal se souvient… Airin avait réparé une fois cette lame et elle s’en souvenait.
Intéressante comme réaction de la part d’une arme banale…
Mais l’arme est l’âme du porteur ne dit-on pas ?
Il faudrait qu’elle vérifie cela un peu plus tard avec le principal intéressé… Encore fallait il pour le moment qu’il se montre.
Les Autres ne s’étaient pas encore pointés, ce qui n’était pas plus mal, le ciel s’obscurcissait d’avantage, dessinant dans la rue des ombres plus qu’utiles.

Les érodiens encore présents se tassaient dans les ruelles adjacentes, collés les uns aux autres.
C’était pas drôle. La rue se vidait dangereusement. Mais bon au milieu de ces pauvres gens il devait bien y avoir le taré de service non ?
Il allait bientôt venir le bougre. Jamais il ne restait bien longtemps loin de son hallebarde préférée, surtout quand la Cetra était à proximité.

- Approche âme, montre moi une fois encore…

Elle avait murmuré à peine ces quelques mots. De toute façon il n’écoutait jamais ce qu’elle disait, elle aurait pu crier n’importe quoi sur les toits que ça n’aurait pas dérangé notre blond national.
Alors l’appeler âme, qu’importait ?
De toute façon il ne savait pas ce que ça pouvait signifier alors…
Mais bon le sujet n’était pas là, le sujet était au sang et au combat. Et pour c faire il fallait qu’il se ramène vite le blondinet.

Les pas, les gens, tous s'affolaient et s'entassaient sous les yeux du trentenaire qui n'en riait pas pour une simple raison... Pour son salut mentale, rire était équivalent à un avoeux. Il aimait ça, que les erodiens s'enfuient en croyant mourrir à l'instant où ils fouleront le sol du Désosseur!
Tassé sous une ombre offerte par le ciel il restait immobile et impalpable les yeux rivés sur Airin qui semblait attirée par son hallebarde. C'était dérangeant de la savoir si omnubilée par cette arme, pas SON arme qui plus est! Ses mains crispées sur ses chaires il comettait une erreur monumentale celle de se faire saigner pour ne pas trahir directement sa position, de là où il était les effluves de sang se propageaient partout dans le quartier sans être plus forte à un endroit en particulier. Il prenait ce risque pour simplement ne pas la laisser trop près de son "âme" si présente et véritable. C'était vrai qu'elle était l'âme du propriétaire et à plus juste titre quand l'une ne pouvait plus vivre sans l'autre...

Elle l'avait appelé âme, il n'en était plus une depuis des décénies de violence et de sang, ayant troqué la sienne contre celle de son arme, ne vivant plus que d'elle et non l'inverse comme tout les autres hallebardiers ou hommes d'armes. Un sourire se dessinait sur ses lèvres, il portait sa main blessée par ses soins à sa bouche lèchant avec plaisir les quelques traces d'hémoglobine. Il faisait taire la dernière preuve de sa présence ici en effaçant les lignes de sang sur sa main. Plus rien, plus un bruit à part quelques bruissements d'ailes dans l'airs. Des corbeaux par dizaines qui volaient silencieusement et qui...
Doucement un tomba au sol dans une pluie de sang. Il s'amusait à montrer l'étendue de ses aptitudes et surtout son plaisir à tuer sans raisons!

Quelques personnes hurlaient de peur et lui gémissait de rire toujours prostré dans l'ombre de cette rue.... C'était drôle de savoir si son pire, ou meilleur, ennemis était capable de vous trouver!

Du sang… L’odeur du sang, du sang d’Erode… Et au milieu de cette odeur, son odeur, son sang, à lui…
Léger et pourtant s’imposant comme si l’air en était saturé, au nez de la Cetra.
Ce sang, si cher et si désiré.
Qui rapidement se dissipa.
Trop rapidement. Qu’est-ce qu’il foutait encore ce malade ? Toute à sa concentration sur les effluves particulières du sang d’Hypnovell elle en avait délaissé la hallebarde quelques instants. Elle se tenait dos à l’arme scrutant les rues dans lesquelles s’entassaient les passants qui n’étaient pas rentés chez eux rapidement. Ils étaient amusants, tous terrifiés, attendant ce qui allait se passer.
C’était vraiment drôle aux yeux de la Cetra. Elle s’amusant comme une enfant respirant les odeurs de peur, de sang, d’incompréhension et tout ça mêlé en un si petit endroit.
Elle en était au bord de l’euphorie. Un sourire démens collé aux lèvres, les yeux mi-clôt, elle avait tout d’une personne qui aurait perdu ses esprits l’espace de quelques instants.
Le temps que le sang se fasse à nouveau sentir plus fort. D’un côté, de l’autre, se répandant à travers les rues trop rapidement pour en distinguer la source facilement.
Tant pis, elle devrait chercher pour Hypnovell puisqu’il ne daignait pas se montrer si aisément.
Ca pouvait être amusant de voir cela. Elle avait une idée en tête.
Pour savoir si l’arme est âme du possesseur et non un simple objet, il faut les faire réagir et les faire entrer en résonance l’un avec l’autre.
Et quelle meilleure résonance que la douleur ?

- Si je lui fais mal, Ame, tu crieras ?

L’idée était simple. Doucement sa main se rapprocha du manche de la hallebarde et, sans la toucher, sa main se déplaça le long du manche. A l’extrémité des doigts de la Cetra, quelques étincelles dorée. Rien de méchant, juste des crépitements, des crépitements de mal pur, des légers crépitements de feu glacé. De la magie de douleur pure.
Airin ferma les yeux. Elle doutait que le blond sorte de sa cachette à la moindre douleur, il était plutôt du genre à la chercher qu’à se faire remarquer pour elle. C’est pour cette raison qu’elle commença à se concentrer sur toutes les émotions, toutes les réactions qui n’étaient pas dues à la peur, à l’inquiétude, et à ce que les Erodiens normaux pouvaient ressentir en pareille occasion.
De cette façon elle était presque certaine de retrouver le possesseur de l’arme. Si jamais sa théorie sur les âmes était juste du reste.

Un léger vent se leva annonçant la douce pluie qui commença à tomber sur la scène.
Le ciel noir cachant le soleil, offrant un refuge précaire aux hommes, femmes et enfants d’Erode fuyant ce dont ils avaient peur et s’entassant dans les ruelles mitoyennes. Une hallebarde, flanquée d’une jeune fille extatique et semblant rêver debout, au milieu de la rue. Rue se teintant doucement du sang délié d’un jeune homme étendu dans une ruelle, et de celui d’une femme, tout deux morts de la main de ladite jeune fille.
C’était un tableau de la douceur que pouvait offrir Erode. La douceur de la mort nourrissant Erode.

Dos à la populace, dos aux troubles il gardait une certaine confiance en lui, un certain droit à la force innée... Droit à son surnom de Chirurgien puisqu'il n'éprouvait rien en entendant hurler quelques passants mort sous les fils tendu, pas un sourire, pas un battement de coeur en plus... C'était limite si il ne se permettait pas de fermer les yeux et d'occulter ses actes, il le faisait, bien-sûr, mais qu'après coup histoire de jouïr quelques instants de ces morts. Mais là rien, son sang avait été de trop et laisser ses émotions transparaître n'était pas la meilleur chose qui soit face à Airin. Une Cétra remontée à bloc aujourd'hui. Elle cherchait comment elle pourrait déloger le trentenaire de là où il était, personne dans les alentours ne savait où s'était habrité le fou, personne ne savait où regarder, personne ne savait quelque chose de ce qu'il se passait!
Pourtant, et la grâve y était, la pute magicienne trouvait amusant de tourner autour d'une probabilitée trop connue pour les porteurs d'armes maudites et possédées!
Frustrant elle voulait donc...

Non il n'en était pas là, lui, le Désosseur n'était pas possédé par son arme, il n'y avait que les faibles qui se laissaient perdre par leurs objets de tuerie, lui, si fort et immortel, ne pouvait pas ressentir quoi que se soit venant de son arme, l'inverse était cependant possible et il l'avait constaté... Lui blessé l'arme se fragilisait frequemment.
Il fermait les yeux en souriant intérieurement de l'échec certains d'Airin qui posait la main sur la garde... Doucement il sentait quelques picottement dans les mains mais rien de plus avant qu'elle ne parle... Crier?!
Il rouvrait les yeux subitement et haletant sous un coup puissant, un appel violent à l'animalisme humain, portant ses mains à sa chemise, l'air lui avait cruellement manqué dans ce mouvement et un vertige muet l'obligeait à sentir avec dédains son propre coeur s'arrêter quelques instants!!!

Prit sur le coup il restait silencieux avant que les réjouïssances n'arrivent puisqu'elle n'avait encore rien fait de cruellement . Penchant la tête en avant ses mèches brunes couvraient son regard blanc/azuré qui se troublait et se dilatait sous la douleur, pourtant habitué à ça il ne disait rien laissant son corps le trahir... Lui si stoïque de corps et d'ésprit il dépassait un seuil de souffrance assez élevé même pour lui, un gémissement contenu lui échappa prouvant bien qu'il était possédé par sa propre arme. Même si il se croyait fort son arme l'était d'avantage d'où le couple idéal. L'arme la plus meurtrière et l'être le plus impitoyable. Les deux ne reculant devant rien pour s'assouvir d'une façon ou d'une autre.
Moment de souffrance plus grand, fermant les yeux il gardait la bouche ouverte de sa précédante faiblesse laissant cette fois ci un cri moins dissimulé échapper d'un des toits de verre qui surplombait toute la rue. En y regardant mieux il s'était fondu dans les armatures d'acier des poutrelles les plus épaisses, sa faible corpulence le cachant sans mal et sa position le rendant quasiment invisible et tout ça juste au dessus de la Cétra qui sentait quelques gouttes de sang lui tomber au visage puisqu'il enfonçait ses ongles sur sa poitrine espérant de cette façon de canaliser la douleur et de ne plus susurer de faiblesses physique de part sa voix et son souffle perdus.

Un de ses fils rompait alors décapitant une vingtaine de rescapés dans une des rues les plus isolée. Il était dangereux, encore plus quand il ne tenait plus ses fils, dangereux pour les autres mais pour lui. Relevant des yeux de chasseur quand il avait senti le fil lui échapper, essayant aussi de savoir où il était pour ne pas le perdre.
Dans le vent il l'entendait aux bruits de l'air s'y frottant, différent des autres sifflements... Lui seul entendait la différence sonore minime.
Restant là il se découvrait plus doucement essayant juste de ne pas craquer en hurlant à gorge déployée et... Le fil vagabon en main il tirait une paire qui laissait les poutres s'éffondrer rapidement dans un bruit d'acier et sous une pluie de verre tomber. Le son régulier d'une averse couvrant le bruit des pas feutrés du blond qui reculait sur les toits tout en essayant de reprendre son arme... Erreure de l'avoir laissée près d'elle!

Elle dut attendre quelques minutes avant d’avoir sa réponse. Hypnovell était il lié corps et âme à son arme ? Hé bien il fallait croire que oui finalement.
La douleur suite à son essai sur le manche de la hallebarde se propageait rapidement à travers le quartier pour se concentrer en un point, au dessus d’elle. Il la narguait en plus de cela…
Enfin, jusqu’à maintenant peut être.
Elle le regardait à présent, le distinguant à travers les ombres des poutres que la nuit arrivante faisait grandir.
Il avait les signes de quelqu’un qui souffre imprimé sur le visage. C’était étrange. Grisant de le sentir souffrir, bizarre le voir l’exprimer.

Un éclaire, aveuglant, rouge. Un autre, suivit de plusieurs… Son odeur, son sang, sa force, sa vie… Il saignait, il se faisait saigner, pour ne pas hurler. La douleur devait être horrible, surtout quand elle était aussi volatile et libre.
Ses pupilles se fendirent jusqu’à ne plus être que deux traits qui devinrent blancs, alors que le blanc de son œil lui était envahit d’un noir profond.
Elle respira longuement, s’enivrant de l’odeur particulière de ce sang, l’odeur d’Hypnovell à l’état pur. Ses yeux se fermèrent d’eux même sous le sentiment et les sensations qui en découlèrent : la plénitude, elle ne ressentait plus que ça, le sentiment de savoir exactement pourquoi on vit et la raison éventuelle de sa mort.
Elle porta ensuite fébrilement une main sur ce sang brisant ses réflexions à ce point. Main qu’elle porta ensuite à ses lèvres.
Il était délicieux, métallique, acre, erodien jusqu'au tréfonds. Tout ce qui faisait de lui l’Ame…

Durant ce temps elle avait à peine perçut la mort d’une vingtaine d’autres personnes. Trop insignifiantes comparé à ce qu’elle avait sous la main pour le moment. Sa magie s’était d’elle-même libérée espérant par là même le faire souffrir un peu plus, pour qu’il résiste pour, pour qu’il se fasse saigner plus, pour qu’elle retrouve cet état de bien être simple qu’elle n’avait pas connu jusque là. La main qui était restée près de la garde de l’hallebarde s’était refermée dessus. La douleur devait atteindre un niveau intolérable pour quiconque à ce stade.

Pourtant elle réfréna cette même magie au moment ou les poutres brisées s’écroulèrent entraînant un vacarme impressionnant, assourdissant. Une pluie de verre brisé, une armature métallique qui ploie et se brise.
Le temps d’un instant elle sembla perdu, sortie d’un rêve. Ce qui n’était pas loin d’être vrai.
Ses yeux reprirent leur aspect normal, ses pensées redevinrent, à peu près cohérentes. Pourtant il y avait un nouveau problème.
Il avait bougé.
Elle devait donc le retrouver. Rien de plus compliqué, la simplicité à l’état pur…
Rapidement elle distingua son odeur parmi les autres éléments du décor. Sur les toits toujours. Reculant, approchant, restant sur place ?
Qu’importait ? Elle savait où il était.
Elle se fendit d’un sourire doux, calme et leva son regard sur les toits là où il tenait.

La jeune fille desserra sa prise sur le manche de l’arme d’Hypnovell, annihilant ainsi toute douleur qui aurait pu persister, bien que le gros de l’effet avait été retiré au moment où elle avait contenu sa magie.
Elle se défit d’un pas de l’endroit où se situait l’arme, créant une distance acceptable.
Il fallait maintenant qu’il approche, qu’il approche pour qu’elle puisse encore le sentir, le ressentir.
Airin était encore un peu grisée du sang qu’il avait laissé échappé. Et, de la même façon qu’un loup qui a goûté au sang humain ne peut s’en défaire, elle était devenue proie chassant le sang qu’elle désirait.

Trop dérangeant, il avait à peine réussi à se faufiler dans les ombres qu'elle jouait encore, plaisir. C'était fou de voir ça, lui qui fuyait et elle qui jouissait de ce spectacle assez unique. Non unique en son genre, le Leader incontesté qui se retrouvait à se museauler pour ne pas hurler de douleur devant sa pire ennemie! Rapidement il s'adossa à un mur haletant, tête baissée et ses yeux grand ouverts sur le sol qui se maculait très lentement d'un sang pourpré et rouge vif sous les dernières lueures du soleil. La pluie tombait enfin diluant les gouttes éparsent sur le béton. Un soupir long et interminable, il se redressait une main crampée sur sa poitrine s'arrachant toujours une douleur âcre et pointue pour ne pas se focaliser sur autre chose de plus gênant. Quelques longues mèches d'un blond cendré tombaient sur ses épaules, sur la blessure encore fraîche et couverte sous quelques fines bandes qui se deserreaient des doigts du trentenaire. Resiprant comme une bête proche du râle il haussait des épaules pour se sentir plus libre...

Le silence règnait de façon totale, faisant façilement penser à une fin du monde, aux yeux du blond c'était ça et de façon personelle, il avait beaucoup poussé et tenté le diable, ainsi le voilà aux pieds de ses erreurs. Silencieux il ne voulait pas se trahir, c'était trop tard pour reculer mais hors de question de craquer aussi façilement, il avait souffert des miliers de fois ce n'était pas elle qui le ferait hurler ouvertement! Bon Dieu une amre ne pouvait pas posseder quelqu'un, c'était matériellement impossible, de plus il n'était pas n'importe qui! Et en y repensant ça venait peut-être de là le problème, peut-être parcequ'il n'était pas une faucheuse ordinaire il avait le droit de souffrir langoureusement par le biais de son travail, de sa vie et de son oeuvre. Quoi de plus simple? Aime et tu souffrira tôt ou tard, son arme était toute sa vie normale qu'elle l'appel et le torture quand elle était dans les mains d'être dératés! La pluie coulait sur son visage, des gouttes se formaient et brisaient le rythme imposé par l'averse, lui soupirant dessous se rendait compte d'une chose, même lui n'était plus si fort...
Les corbeaux revenaient et volaient avec désirs au dessus du trentenaire aggenouillé pour ne pas craquer, tête contre ses cuisses et ses mains croisées sous son torse il suait de douleurs. Qui avait dit que le mental ne pouvait pas trahir le physique? Il serrait les dents à mort et la voilà qui empoignait vivement l'arme. C'était obligé, il parvenait à refouler le cri interne mais pas éternellement alors il se redressa accentuant ses plaues, le sang qui coulait avec plus de force sur son corps et en étant courbé il appela une nausée âcre. Le bruit de craquement interne, liquide et si chaud, il était dos au mur et son retour gastrique le recouvrait sur l'entre jambes, à ses pieds aussi, du sang mêlé à des restes assez... Anciens, jours de diete. Essouflé il se redressait pensant avoir anihiler les dernières traces de douleurs, la possibilitée d'hurler aussi... Ses mains se décrispaient de sa peau laissant apparaître de profondes entailles sur sa poitrine, du sang y perlait et se diluait au contact de l'eau.

Il sentait la main d'Airin se ballader sur l'acier de la garde reservant sa magie qu'elle laissait se promener dans les veines de l'arme, dans les veines du blond. Les yeux ouvert sur le ciel, d'un gris livide, les prunelles se fondaient dans les lentilles ne devenant que de simple miroirs sans vies. Abandonnant le mur il sombrait à genoux le regard fondu vers la pluie qui le maculait, un pauvre rire soufflé lui échappa et, quand ses mains touchèrent le sol, un hurlement gutural en enfermé s'exteriorisait à en perdre la voix, si long et d'apparence douloureuse. Il était détrempé, les yeux clos et un visage crispé à cause des souffrances ressentie. Veiné, son facies devenait impalpable sous les mèches blondes/brunes de ses cheveux qui se couvraient légèrement de sang d'oiseaux étripés et éviscerés par les fils qu'involontairement il tendait sous ses mouvements incessants et torturés. Plusieurs fenêtres se brisèrent sous le passage des fils, des gens mourraient en silence permettant à leurs sangs de remonter les fils, voyant des gouttes rouges vives traverser le ciel et remonter jusqu'à leurs créateur, leurs libérateur.

Doucement le souffle lui manquait faisant enfin taire la voix qui s'éffritait dans les échos d'une pluie qui résonne. Mortelle, cette voix venait de mourrir, pourtant il souffrait encore mais n'abandonnerait pas, ou plus. Il ne se le permettrait pas et il se relevait laissant quelques gerbes de sang derrière lui quand il se présentait sur le bord du toit, juste au dessus d'elle. Il savait qu'Airin le trouverait sans mals, mais ce n'était absolument pas ça le plus vitale, elle gardait sa main trop proche de l'arme, laissant aussi le coeur du blond s'affaiblir trop rapidement. A bout de souffle il posait ses mains devant lui, paumes vers le ciel, puis les retournant de nouveaux sifflements se faisaient entendre, plus fins et cristatllins ils étaient un appels à la mort et doucement des fissures naissaient sur la garde de l'arme, de fines fissures qui se prolongaient en silence, une fine pluie de sang revenait et l'averse n'y aidant pas il gardait sur lui cet air de pantin fou de joie et de douleur.
Il était trpo exposé mais n'en avait que foutre, elle pouvait utiliser sa magie, elle n'aurait dans ce cas plus la main sur sa Hallebarde et donc loin de la vie du blond qu'elle souhaitait entendre hurler.

Chose faite... A lui de manipuler le corps de son adversaire.

IL avait crié….finalement… Au nom de tout ce qui peut exister que ce son était agréable aux oreilles de la Cetra. Merveilleux pour s’approcher un peu plus du vrai.
Elle s’était éloignée de la hallebarde et pouvait désormais contempler le blond à sa guise, juste en levant la tête.
Il était là, les bras ouvert, il faisait très ange déchut aux yeux d’Airin. Déchut qui allait tomber un peu plus si elle en avait la possibilité.
Le sang de plusieurs victimes involontaires avait remonté les fils tendus aux doigts d’Hypnovell arrosant doucement la scène. Mais cependant, aucun sang ne pouvait plus rivaliser, de près ou de loin, à celui auquel elle venait juste de goûter… Ce sang là était parfaitement unique, et il y en avait quelques litres qui se répandaient déjà doucement aux pieds du blond.
Doucement ses ongles s’allongèrent jusqu’à former de réelles griffes acérées d’environ 5centimètres déjà rougies de sang. Ses yeux se fendirent de nouveau ne laissant qu’un pupille reptilienne blanche au milieu de deux lacs d’un noir profond.

A ce moment c’était très clair dans son esprit, il lui fallait tout le sang d’Hypnovell, même s’il devait y laisser la vie… ce qui risquait d’arriver. Peu de personnes arrivent à vivre lorsqu’elles sont complètement exsangues. Tant pis.
Arrête…
C’est donc fière de cette déduction de la mort inévitable d’Hypnovell qu’Airin décida joyeusement d’aller le rejoindre sur le toit d’où il la surplombait. En plus de là où il était il avait toute la capacité de la tuer rapidement…ce qu’elle ne souhaitait pas de suite.
Tu ruineras Erode s’il meurt…
Qu’importe, elle était Erode, qu’importait qu’il meurt?
Stupide mémoire des Cetra, stupide capacité à revenir dans les moment les moins adaptés à cela.
Ce n’était pas considérablement dérangeant, mais une petite voix au tréfonds de la tête et de l’esprit qui parle à plusieurs tons…c’était à moitié agréable, surtout quand cette voix vous ordonne de vous arrêter alors que vous vous apprêtez à faire quelque chose que vous allez adorer.
Justement, Erode meurt, tu meurs… tus le et signe ton arrêt de mort...
A ce moment la Cetra trouva le moyen de bloquer cette agaçante voix. En veilleuse la conscience des Anciens… De toute façon ils étaient morts, depuis Erode avait changé.
Puis prononça doucement ces mots :

Qu’importe la mort si on a le plaisir ?

Pas mécontente que cette voix s’arrête elle sauta, prenant appui légèrement sur la hallebarde de plus en plus fissurée puis sauta lestement sur le toit, juste devant Hypnovell, à quelques centimètres à peine.
De là il ne pouvait se risquer à utiliser ses fils sur elle au risque de se tuer par là même occasion.
Elle était à deux doigts, même pas, de tomber du haut du bâtiment, lui était déjà sur le bord du toit, elle tenait à moitié dans le vide et pourtant elle affichait une sourire de dément, presque doux.
Elle sentait la proximité du sang pulsant dans les veines du blond, implacable, vif, si riche de tout ce qu’elle voulait. Cependant elle ne le voulait pas si facilement. A ce moment seul lui aurait fallu d’arracher le cœur du blond, il était si proche, non elle voulait autre chose… qu’elle n’arrivait qu’avec peine à déterminer.
Elle voulait le voir souffrir, souffrir à en mourir, juste ça.

Un seul instant de calme pour lui, en voyant la Cétra songer sur quelque chose d'assez...
Il n'en savait rien et n'irait pas lui demander la raison de ce trouble si voyant, même aux yeux des gens encore sous les frissons de cette peur qu'une voix seule pouvait leurs procurer, l'avoir entendue hurler de douleur avait suffit à les plonger dans la stupiditée sans bornes, sortant de leurs cachèttes ils se faisaient décapiter à tour de rôles sans même chercher à sa sauver...
La bêtise humaine en pleine action tandis que lui tuait sans même s'en soucier, trop focaliser sur elle, trop endoloris pour ne pas être vigilant, pas assez et ça il le savait, il était mal, très mal si elle recommencait son jeu. Pourtant elle semblait trop décise sur ce qu'elle faisait, c'était là le problème, voyant avec précision ce qu'elle ferait, tuant sans mal le trentenaire.
Peut-être pensait-elle qu'il avait fait son temps, comme beaucoup d'autres. C'était vrai, presque 12 ans de despotisme sur une ville, sans jamais être blessé au point d'abandonner, pourtant là..
C'était sûrement la première fois qu'il remettait en question sa capacitée à recommencer après cette bataille. Un sourire naissait, fièrement ancré à même ses lèvres, un rictus famillier et écoeurant à souhait, il baissait les yeux vers elle, supérieur il ne la laisserait pas le perdre, il ne la laissera jamais l'enterrer de ses propres mains...
Jamais personne ne pourra le tuer sans qu'il ne s'y prête volontier. Elle pouvait se foutre au cul son idée de clore la querelle qui s'était imiscée entre eux depuis... tellement longtemps...
Depuis qu'elle savait se battre elle avait toujours été dans l'ombre du Désosseur.
Ca n'était plus une novelle flagrante de la savoir à l'affût de la moindre chose concernant le blond alors que lui essayait autant que possible de l'éliminer sans y parvenir simplement parcequ'il n'admettait pas une chose, elle était stupidement trop forte.
C'était aussi inconscient de se battre face à une race éteinte, les créateurs d'Erode telle qu'elle est aujourd'hui et pourtant de ne pas pouvoir la tuer lui rendait hommage puisqu'elle non plus malgré la supérioritée de l'être qu'Airin était censé avoir..
Si elle la déployait bien-sûr.

Le sang cessait enfin son ascension, doucement c'était un silence effarent quand elle sauta vivement, l'hallebarde n'étant qu'un tremplin. Se fissurant d'avantage il baissa ses deux mains subitement, 4 longues balafres venaient de naître sur ses avants bras, si profondes et véritable qu'elles montraient l'idée qu'il avait eût à un instant, celle de la décapiter de dos, l'hallebarde une fois dans ses mains il l'aurait évidé sans mal...
Tant est si bien qu'elle en avait utilisé son salut pour le tuer, quelle ironie, elle était si proche et lui bloqué par sa tentative. Reculant de quelques pas quand elle se trouvait en face de lui, les bras couvert d'un sang noirci et étrangement...
Il essayait de sortir de son étreinte tirant une dernière fois. Ses doigts trinquaient de la force excercée mais il parvenait enfin à s'en sortir, mais c'était à un prix assez conséquent, il était devenu, pour le moment, incappable d'utiliser son hallebarde ou même ses fils, ses scalpels c'était inutile d'y penser il ne pouvait même plus bouger ses doigts à cause de la pression que les fils avaient lancé.

Relevant la tête vers elle il n'avait pas grand chose à faire et pourtant il n'allait pas abandonner ainsi, derrière lui un muret, il s'y adossa et s'y installant il rejoignait le toit au dessus sans tourner le dos à cette garce. Le voilà au dessus, même si il ne pouvait pas utiliser son hallebarde il ne la laisserait pas seule très logntemps, et fuir n'était pas dans ses prérogatives, il allait faire face jusqu'au bout.
Se laissant chute, dos au sol, il se rattrappait in-extremis à tout ce que ses mains pouvaient encore tenir, une gouttière remplie d'eau et de sang, la faisant courber il se retrouvait couvert de ces liquides mais touchant le sol sans le moindre mal.
Au sol il se ruait sur son arme et même si la luciditée le conduisait à hurler de douleur il prennait l'arme en main, 70kg dans des mains immobile et des bras lascerés à sang.

Qu'importait, c'était ça la force du leader d'Erode, prêt à tout... Surtout au pire.

Et voila, retour à la case départ… A savoir la même putain de distance entre elle et sa proie : la hauteur du bâtiment.
La plaie, et tout ça parce qu’elle avait été obsédée par le sang du blond. Parce qu’il s’était encore plus fait saigner, après la poitrine les bras, le doigts. Il allait s’ouvrir quoi ensuite ? La gorge ?
Ce serait une bonne idée ça… en plus si il touchait la carotide, un jet de sang à plus de deux mètres… Douce perspective non ?
Elle afficha alors un sourire clairement amusé fermant les yeux pour savourer l’odeur du sang. Du sang de ceux qui s’étaient précipités dans les bras de la mort, et de son sang à lui, dont il était clairement couvert. Celui qui était dans la gouttière dilué par la pluie. Elle arrivait presque à le voir grâce à son odeur alors qu’elle lui faisait dos.
Cette idée de le sentir sans le voir, de peut être corser son jeu en se battant les yeux fermés la fit rire doucement.
C’était décidé alors, un petit combat pour le plaisir de sentir son sang, sans le tuer forcément désormais.
Les Anciens n’avaient peut être pas totalement tors… S’il mourrait… ça impliquait trop de choses…

Elle fit apparaître dans ses mains un bandeau noir qu’elle noua autour de sa tête, se rendant aveugle. Une fois le bandeau attaché elle ouvrit les bras et se laissa tomber en arrière dans le vide.
La chute ne fut pas très longue. Au moment de toucher le sol, au moment où elle allait se fracasser sur le sol puisqu’elle était partie pour tomber directement sur le dos, elle se retourna se rattrapant à la façon d’un chat. Un genou en terre, la main opposée aussi. L’autre jambe pliée, servant d’appui et de ressort, le deuxième bras dans le dos tenant une de ses lames courbe.
Elle releva la tête vers la source de ce qui allait être très plaisant pour elle, l’odeur du fluide vital d’Hypnovell.

C’était étrange comme vision, même pour la Cétra. Comme de l’infra rouge, basé, non sur la chaleur mais, sur lui seulement sur son sang. Elle distinguait alors le silhouette d’Hypnovell et, chose intéressante pour Airin, de son hallebarde. Mais pas de la même façon. Hypnovell ressortait rouge sur le reste de la scène noire alors que la hallebarde semblait être entourée d’un halo blanc nacré faible. Mais bon, qu’importait la faiblesse du rayonnement, rayonnement il y avait, ce qui allait l’aider grandement dans son entreprise de blesser au plus le Désosseur national.
Outre cette vision parfaite d’Hypnovell elle pouvait aussi entrevoir les contours des morts qui gisaient au sol, des bâtiments les entourant et des quelques survivants. Bien sûr tous ces détails étaient troubles, loin d’être nets, mais ils étaient présents, ce qui l’empêcherait de se prendre n’importe quoi sans l’avoir vu avant.

Arrête le Gardien…

Hé merde, elle allait faire chier longtemps elle ? Ayant été bloqué dans l’esprit de la Cétra, la voix des Anciens se manifestait alors à travers elle directement, ne s’adressant plus à l’esprit obscurcit par la soif de sang de la jeune fille mais à Hypnovell.
Mais bon, encore fallat il qu'il se rappelle qu'elle était le Gardien. Il n'avait dut entendre ce terme qu'une fois et encore c'était du temps où il n'était plus Hypnovell...
La phrase avait semblé résonner à travers les rues doucement, couvrant les cris effrayés des quelques survivants qui n’avaient pas bougé, de ceux qui pleuraient leurs morts (déjà), de la pluie qui tombait un peu plus forte.
Bien qu’elle ait été prononcé par Airin elle aurait pu venir de n’importe où ailleurs autour des deux combattants.

S’étant un peu habituée à sa nouvelle vision et aux divers petits obstacles (corps gisants surtout) entre elle et sa proie, la Cetra s’était lancée.
Rapide, assurée comme toujours. Arrivée à la hauteur d’Hypnovell elle fit une embardée se retrouvant derrière lui. De là sa main non armée erra une fraction de seconde sur la poitrine du blond avant que ses griffes ne s’accrochent légèrement dans les plaies déjà ouvertes et ne les agrandissent.
Juste un peu cependant, mais assez pour faire repartir l’hémorragie qui avait commencé à se ralentir.
Ce ceci fait elle se dégagea rapidement de la zone d’atteinte de la hallebarde.
Hors de portée, seulement éloignée de quelques mètres dans le dos d’Hypnovell elle pris le temps de lécher doucement ses griffes souillées de sang, un sourire carnassier accroché à ses lèvres et les yeux rivés sur son adversaire attendant sa réaction.

Il vascillait, son regard restait pourtant fixé sur elle et quoi qu'il advienne il ne la lâcherait pas des yeux.
Ses mains crampée sur l'arme comme il le pouvait il mettait tout son poids sur un seul pieds qui était en appuis et tendu à son paroxysme ce qui lui permettrait de se dégager en cas d'inconfort si elle venait à attaquer violement. C'était étange qu'elle soit aussi déchaînée, rarement elle n'avait fait preuve d'une telle dévotion à la mort du trentenaire, pourquoi se mettait-elle soudainement à le vouloir mort?
Vraiment étrange et pas unique en soi, tout le monde voulait la mort du Désosseur, elle autant que les autres alors c'était presque normal de la voir sortir les crocs et attaquer dès que possible pour le tuer. Mais d'ici là ils pouvaient encore rêver de le voir mort, pas question de se laisser abattre sans se défendre jusqu'à ce que la Faucheuse crève d'elle même.
Il ne fallait pas non plus en demander de trop, si il devenait méchant ça risquait d'attirer les Autres, surtout ici mais bon...
Ca pouvait attendre ce détail, en attendant il avait vraiment envie qu'elle se détende pour lui laisser la plus fine occasion de se dépêcher de l'éviscerer.
Ne fut-il pas exhausser en la voyant se bander les yeux en étant face à son ennemi.
Surprit il restait sur ses gardes, il savait qu'elle était folle ce n'était plus une nouveautée, se tenant alors en position de défense et non d'attaque comme il aurait pu le faire, le temps qu'elle se bande les yeux il aurait à peine eût le temps de prendre l'arme en main pour l'envoyer sur cette garce.
C'était trop court et il n'était pas sûr de pouvoir manipuler correctement son hallebarde vu l'état de ses mains. Il vallait peut-être mieux attendre encore un peu pour voir si les blessures allaient s'atténuer avec le temps.
Un regard brut et blanc silloné de quelques traces de sang, ses yeux restaient fixés sur elle et sous la peine de la douleur ils se dilataient prouvant qu'il retenait ses soupirs de douleurs. Il haletait mais ne montrait rien d'autre ce qui étonnait grandement les badauds encore en vis.
Comment supportait-il ses blessures?! Il ferma les yeux menaçant de s'affaiser soudainement en appuis sur son arme et c'était peut-être la faiblesse de trop...
Quand il rouvrit les yeux ses mains se serraient sur la garde de son arme qui se leva et se jeta sur Airin mais... Elle était rapide et lui trop fragile pour le coup, l'hell s'enfonça dans le sol dégageant de grandes gerbes de poussière camouflant la Cétra mais de toutes façons sans la voir il savait ce qu'elle visait, lui....

Il recula d'un pas se mettant d'avantage en appuis sur son pied, la Lance le soutenant dans son mouvement ne reposant presque plus que sur elle quand il sentait l'air des gestes de la Cétra parcourir déjà ses bras, qui se contractaient d'instinct, puis son torse en sentant les griffes pénétrer trop profondement ne l'empêchant plus alors de gueuler sa douleur et c'était stupéfiant, tout les gens reculaient appeurés, tellement effrayés de ne jamais avoir cru possible ce jour,d 'entendre hurler de douleur le maître des lieux.
Dans la poussière il perdait son équilibre se retrouvant sous l'angle de son arme.
Il voulait l'avoir dans le dos et il jeta toutes ses forces dans son coup qui dégagea l'arme sur elle, il savait très bien qu'elle s'éloignerait et l'amre s'en allait docilement sur elle.

Peut-être était-elle rapide, mais trop prévisible.

Il avait crié…grâce à elle encore une fois… Autant que ce son elle se délectait doucement des quelques gouttes de sang sur ses griffes. Simplement parfait, trop pour continuer à exister encore longtemps.
La poussière soulevée par l’arme entourait Hypnovell et entravait grandement la vision de la Cétra qui pourtant ne s’en préoccupa pas plus que cela. Du moins pas tant qu’elle ne voyait pas le halo caractéristique de la hallebarde avancer droit sur elle.
Trop près. La seule esquive qu’elle put faire lui évita seulement de se prendre les 70kg de poids mort de face. Pourtant sur leur passage il happèrent l’épaule et le bras gauche de la jeune fille qui tout deux émirent un craquement plus que significatif qui résonna une seconde avant de s’évanouir.
Elle resta fixe pendant un temps, se rendant compte réellement de ce qui venait de se produire. Elle avait le goût de son propre sang mélangé à celui de sa proie en bouche. Pourquoi le sien ?
La douleur, vive, remonta le long du bras désormais en sang, Airin laissa échapper un cri de douleur, court, certes mais pas moins démonstratif. C’était loin d’être humain.
L’épaule était à moitié arrachée, on voyait très clairement l’articulation, les os brisés du bras, en fractures ouvertes. Elle, simplement, ne parvenait pas à assimiler correctement les informations. La seule donnée qui était très claire c’est qu’elle ne pouvait simplement plus utiliser son bras gauche. C’est à ce moment, quand elle voulu voir l’état de son épaule, qu’elle se rendit compte que sa vision, ainsi basée sur Hypnovell seulement, ne lui permettait pas de se voir elle-même.

Sur le moment seules deux choses comptaient : pourquoi avait-elle le goût de son propre sang en bouche et pourquoi son bras était inutilisable. Elle accrocha sa lame courbe à sa ceinture se laissant une main valide. Ladite main partit jusqu’à sa bouche. Elle eut le déplaisir de sentir qu’en étant happée par la hallebarde sa main avait laissé de profondes griffures, partant de la bouche jusqu’à l’oreille.
Sa main continua son exploration jusqu’à son épaule…. ou son absence d’épaule en tout cas. Ses yeux s’agrandirent lorsqu’elle sentit les dégâts causés par Hypnovell.
Mais ce qui était le plus étrange en ce moment n’était pas que son bras avait failli être proprement arraché par 70kg de masse de mouvement, ça c’était plutôt normal, ce qui restait un mystère était sa quasi absence de douleur. Certes elle avait mal, mais pas assez pourtant, pas assez pour ce qu’elle avait, pour l’état dans lequel elle était. Pas qu’elle soit masochiste, non pas trop en tout cas, mais cette absence était… dérangeante presque.
Ca devait être dut au sang du blond… peut être après tout, c’était la première fois qu’elle y goûtait, c’était peut être un effet secondaire…
Cependant cette explication restait trop improbable. La Cétra n’était plus très sûre d’elle. Pas à cause de son bras, non, ça c’était… normal dans un combat contre lui. Non ce qui la gênait réellement c’était ses réactions…

Qu’importe ? En fin de compte, ce n’était pas plus mal ainsi. Aucun douleur, aucune peur de douleur, aucune limite dans les avatars subits n’est-ce pas ? Le seul bémol restait la perte de sang. Mais avec celui qu’elle allait boire il s’en faudrait de peu de temps avant qu’elle ne recouvre ce qu’elle perdait. C’était logique après tout. Non ?
Si, ça l’était dans l’esprit assoiffé de la Cétra.
Elle se reprit rapidement, conjura au plus vite un garrot et une entrave qui empêchèrent le sang de continuer à couler au rythme où il allait et empêchant aussi son bras de bouger plus.
Désormais, elle n’avait plus qu’un bras valide, ce dernier réarmé de sa lame courbe. Le second plaqué contre sa poitrine, un peu gênant mais pas outre mesure tant qu’il ne bougeait pas.

Durant tout ce temps elle avait été comme déconnectée de tout ce qui l’entourait. A présent elle se remettait à sentir et ressentir. Elle se focalisa de nouveau sur l’odeur de sa proie, désormais c’était vital qu’elle ait son sang. Non plus pour assouvir un simple désir, même si ce dernier restait présent, mais aussi pour le sang qu’elle avait perdu. Celui d’Hypnovell semblait avoir des qualités et des effets indéniables sur elle.
Ou alors elle extrapolait. Mais mieux valait que non pour elle, en tout cas si elle réussissait, mieux valait que non. Si elle avait faux… qu’importait à ce moment… ? Tant pis. De toute manière elle allait avoir ce sang. Ce n’était pas un option, ça n’en était plus une dans son esprit.